La danse des fleurs est celle des astres.

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Stage intensif de Qi Gong. Travail sur la colonne. “Illuminate your all spine” dit le teacher Xi avec son accent chinois sur une mélodie étirée dans un temps qui n’existe plus. “Back in arched”. Je me sens plante. Va falloir que je m’y habitue. La danse des fleurs est celle des astres, my new research. Thanks Amélie Lavin pour la proposition tremplin. Souvenir du boulot ultra puissant sur la colonne avec la danseuse du paysage / paysagiste de la danse, Christine Quoiraud. De l’échelle “vue sur la montagne” je suis descendue à la dimension “brin d’herbe”. Chacune de mes vertèbres, l’intérieur, je sens l’intérieur de chacune de mes vertèbres, je sens leurs “fibres”, la tête en bas, les bras le long des oreilles je remonte en arc. Gaudi, son architecture basée notamment sur le renversement de structures végétales. Daniel Miracle, pongo una foto de nuestra última instalación en el escritorio de mi ordenador para que no se olvide de venir a verte en Barcelona. Je ne suis plus de chair et d’os mais une plante de fibres et de sève qui fait porter par le vent son mouvement. Mon corps bouge comme une plante. Tout seul. Watcha. Danse butoh mon amour te voilà. Camille Mutel, loin, loin dans le temps ce stage profond écrit dans … l’os. Encore et encore, je deviens plante autrement. “Move your all body naturally.” Debout les pieds joints, les bras le long des oreilles, j’ondule. Dans le vent. De la salle. Tu le sens le champ de Qi ? J’ondule, naturellement, comme une plante. Je suis naturellement une plante. De ma nature profonde, une plante. Ondule.
And then the dragon head. I move my head from left to right in arch and see a happy dragon mask drawing a garland of stars. Each star is a vertebrate. The garland is flowing. Horizontally, my vertebrate constellation dance. The dragon is joking gently. I thing to Wen Chin Fu and her lighted spine costume. I think to you Wen Chin. Now I understand your equable smile.
Je regarde ton sourire immense Gaelle Enchemin, celui que les Rita ont chanté pour Marcia. Heureusement, on n’est pas tous chinois.

Position du lotus. On arrête la récré pour être dans le vide non vide. “Go back home” Je me vois de haut tourner sur moi-même. La danse des astres, un présent de Raji Chorésophe. Damned, je veux contrôler le film, choisir le décor et la mise en scène, l’écran disparaît. Zut. “No judgment, don’t mind”. “don’t mind, don’t mind”, l’a pas fait la fac de philo en France, teacher Xi, les bouffées de chaleur avec Descartes tellement c’est fort le mental qu’on peut en créer du sentiment. Je travaille le judgement et le mind, ça occupe.

Et le son dans tout ça. Concert d’improvisation, featuring da présent. Synchronicité. Les oiseaux, la pluie, les avions. Tout fait sens. Tout est un.
Et le soleil à travers la vitre. Sa respiration, caresse de l’intérieur.
Et les mouches. Et la guêpe fatiguée, fatiguée…
Et mes pets silencieux mais puissants qui me donnent le sourire jusqu’aux oreilles et me font tenir la pose de l’arbre pendant une heure. Ah, l’ouverture de l’articulation sacro-iliaque !

Je rentre à la maison. Le maraîcher bio a fini sa méditation vipassana. Je lui dis : “Aujourd’hui encore je me suis transformée en plante”. Il me répond : ” Notre corps éthérique est végétal. Toutes les nuits nous sommes dans un état végétatif ” et va pisser. Y a bien que pour me taper du tabac à inhaler qu’il est pas détaché.

J’ai bien peur sans avoir peur, Antoine Boute que ma révolution bio ne soit pas hardcore. Faut pas pousser sur le foie. Équanimité oblige.
Liberté et responsabilité. C’est l’anarchie la vraie, celle où t’es pas bourré. Méfie-toi de ce que tu veux tu vas finir par l’avoir. Ma vie de moine dans le monastère du XIIe. Toujours plus loin dans l’ascèse. Malgré moi. Sans moi. Elle s’installe cette frugalité. Cette île qui se replie et déploie comme les ailes de la buse. Les milans royaux sont partis là. Sont super discrets en tout cas.

Tambour dans ma hutte à sudation, merci encore Hoka Cg. Dans le jardin où qu’les moines étaient enterrés – j’avais oublié ce détail, Hoka. Mes animaux de force me sautent dessus tous fous de me voir briller comme ça. Coûtent moins cher en vétérinaire ceux-là, ma tendre Iris Leroyer. On danse en file indienne autour de la hutte. La célébration. L’homme, l’animal de la célébration. Les insectes s’excitent, les oiseaux arrivent de partout. Même l’arbre d’à côté chante, son cuic de grandes branches souples dans le vent.

Puis, je monte taffer au bureau, l’ordi, les téléphones, fixe et mobile, l’internet, mon compte facebook. Christophe Monterlos me demande si j’avance sur le texte. Je lui réponds que je suis à fond. Dans mon monastère, loin de tout, loin de tous, j’écris. Tranquille, à fond. Sans rire, rire.

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