Category: redneck Peau et truie
il toi je elles
il est venu te chercher
tu t’es exécutée comme un petit soldat et dépêchée de le rejoindre
sans le toucher au garde à vous tu t’es postée
tes yeux ouverts plus grands que d’habitude ont soulevé ta tête sans sourire car dans une grande gêne qui exprimait ton « que faire ? »
tes yeux ouverts plus grands que d’habitude ont soulevé ta tête très haut pour voir son visage
tu n’as reçu aucune réponse d’un masque sans expression
tu as pris la liberté, trouvé le courage, d’aller jusqu’à la porte loin de nous deux
je t’ai dit au revoir, mortifiée par la scène
après une grande respiration, dans un bondissement intérieur et extérieur, tu t’es retournée et dans un monde loin de nous tous, avec un sourire, tu m’as dis « au revoir maman ».
il est venu te chercher
et devant lui tu n’as pas osé m’embrasser
il y avait une femme dans le couloir
nous n’étions pas seuls
il a feint
il t’as demandé avec une voix forte et rieuse « tu as embrassé ta mère ? »
j’ai répondu pour toi, pour te soulager , sans jugement mais avec assurance : « non, devant toi elle n’ose pas »
il a enchainé plus fort et moins rieur « va vite embrasser ta mère »
j’aurais voulu te dire que ce n’était pas la peine, que je ne voulais pas que tu sois le pantin de quiconque
j’aurais voulu te dire que toi et moi savons que nous n’avons pas besoin de sa permission pour nous aimer, t’expliquer qu’il n’y a rien de bon à être tributaires de son bon vouloir
je n’ai rien dit
j’étais mortifiée
tu es venue contre moi
m’a enlacée
je t’ai embrassé dans les cheveux comme j’aime tant
il a repris de sa voix forte et rieuse « pas trop sinon je vais être jaloux »
son rire était à l’aube du sarcasme, sous la cape de l’obscurité qui dissimule
je t’ai laissée partir vite sans rien dire pour que toute cette scène s’arrête, parce que dans la folie ne se joue que la folie, et qu’aucune de mes paroles n’aurait trouvé du sens
Seule avec la femme, j’ai redit que tu n’avais pas osé m’embrasser
j’ai dit comme il avait l’air gentil
j’ai dit que c’était un jeu de dupe
j’ai confié la fiction bien réelle du harcèlement moral, de la violence psychologique invisible, ma peine à voir ma fille vivre sous l’emprise d’un tel conflit
j’ai dit l’intime pour que l’intime soit respecté, pour que l’intégrité de l’intime soit respectée, pour ne pas vivre dans l’emprise de sa folie
j’ai parlé pour être sûre de ne pas devenir folle car seule la folie ne se raconte pas
je n’ai pas partagé que plus jeune tu me donnais des coups de pied dans le tibia sous ses ordres
je n’ai pas détaillé les mécanismes que j’ai appris à reconnaître, son injonction contradictoire à vouloir que tu m’embrasses alors que toi et moi nous savons qu’il ne supporte pas le lien qui nous unit, et de même, la sincérité de son « pas trop sinon je vais être jaloux » qui ajoute une épaisseur de complexité aux contradictions dans la situation déjà suffisamment perverse.
j’ai dit : « on s’habitue à tout ».
mais ce n’est pas vrai.
on ne s’habitue pas à la folie.
on ne s’habitue pas à la violence.
et l’impuissance
et l’enroulé de la violence, et la puissance en avalanche de la violence, et la force sans frein de la violence
alors même que toute la difficulté d’agir nous a déjà terrassées, les bras tombés au sol et les jambes fondues, si l’on réussit à dire la violence, puisque dans la libération de la parole un équilibre basé sur le silence des femmes est mis en branle, alors « tu fais des histoires », « vous vous déchirez encore », « ce sont toujours les enfants qui prennent dans ces histoires », « sois gentille avec lui et tout ira bien »
et la justification de la violence dans ce qu’elle a gagné par la terreur
puisque les choses sont, c’est qu’elles devaient être
il n’y a pas de fumée sans feu, les indiennes violées sont de sacrées salopes
et chacun sa merde
mais la solidarité des sages femmes
à l’abri-bus pour l’école et les femmes miroirs tendres dans cette disponibilité marginale des femmes de l’abri-bus, dans la salle de qi gong à la reconquête de l’estime de soi, sur le fauteuil du salon de l’esthéticienne qui sait ce que le travail de documentation a de prioritaire pour se détacher d’un manipulateur, au téléphone avec les copines qui ne perdent pas le fil de la narration et savent rappeler l’incongruité de l’ensemble, au repas de noël du foyer logement, les mamies, leur IVG d’un autre temps
mais la solidarité des sorcières dans les espaces secrets des accoucheuses
mais la solidarité des fées et le réseau souterrain des connexions entre toutes les femmes vivantes et vibrantes qui se soulèvent encore et toujours
mais la solidarité des femmes au cœur ouvert car libre
et le battement d’un cœur collectif
et ce matin le soleil rose et bleu sur la vallée de givre
blaireau milan tortue
au foyer logement, les salariées vont chercher dans leur chambre les résidentes, aussi distraites que retraitées, pour notre cours de qi gong. soudain je me crois dans une coursive de “la butte”, la maison d’arrêt de Besançon, pour un atelier de lutte contre l’illettrisme. les surveillants qui allaient chercher les détenus avec la fiche de présence. au milieu des champs j’ai laissé ma fille à l’école, elle court sur du bitume entouré d’un grillage de 2 mètres, puis je suis allée voir mon taxidermiste dans la montagne. on a parlé de son petit fils qui voit des fantômes. j’ai ramassé des graines dans un hameau, un milan royal volait très bas car il pleuvait. hier, j’ai frappé du tambour pour échanger avec la mère blaireau ramassée sur le bord de la route. elle est belle et douce. a une tête d’ourson. elle m’a emmenée sous terre, toute en maman, elle m’a emmenée dans la terre, m’a montré comment me protéger dans la terre. me régénérer dans la terre. je me rappelle de Hamed qui dansait sur les tables à 13 ans dans la butte. à 20 ans, il a réussi à s’évader du tribunal. un animal sauvage. encore. que c’est bon. de savoir rester vivant. on parle de la mort et de la vie avec les mamies. rester vivante. être debout en position assise. le qi gong est aussi une pratique de spiritualité je leur explique. Odile s’endort en faisant la tête de tortue. je me réjouis qu’elle touche du menton aussi facilement le relâché intérieur. être libre dans ce corps. s’évader de la cour en bitume.
mountain witch’s love
in love
psychedelic rock
my mountain
in love
my hair shaking my body
fountain
in love
my wild animals dressing me in queen
in love with the sun on the snow
and my mountain
and my mountain
in love
in love
from my lake
i am in love
and swim in
fulness
I am a witch
foxy
beauty
ful
ness
I have nothing else than the power of being me
when i move my pelvis
I belong to me
when I hit the ground
I talk with my spirits
when I song
I talk with my spirits
I am a witch
from my lake
in fulness
with the sun on the snow
I have nothing else than the power of being me
in beauty
I live in beauty
in my moutain
with my wild animals in the vein
drum roll, guitar solo then fade in and out with bird songs.
the witch is dancing, comme une motarde californienne avec un haut de bikini et pantalon cuir, mais elle a des chaussures de trekking et un pull en laine.
traveling arrière, on passe de la renarde-sirène qui danse en contre jour à un plan large, vue sur l’horizon, les crêtes des montagnes du Jura se découpent nettement par le coucher de soleil très rouge à cause de la neige.
La danse des fleurs est celle des astres.
Stage intensif de Qi Gong. Travail sur la colonne. “Illuminate your all spine” dit le teacher Xi avec son accent chinois sur une mélodie étirée dans un temps qui n’existe plus. “Back in arched”. Je me sens plante. Va falloir que je m’y habitue. La danse des fleurs est celle des astres, my new research. Thanks Amélie Lavin pour la proposition tremplin. Souvenir du boulot ultra puissant sur la colonne avec la danseuse du paysage / paysagiste de la danse, Christine Quoiraud. De l’échelle “vue sur la montagne” je suis descendue à la dimension “brin d’herbe”. Chacune de mes vertèbres, l’intérieur, je sens l’intérieur de chacune de mes vertèbres, je sens leurs “fibres”, la tête en bas, les bras le long des oreilles je remonte en arc. Gaudi, son architecture basée notamment sur le renversement de structures végétales. Daniel Miracle, pongo una foto de nuestra última instalación en el escritorio de mi ordenador para que no se olvide de venir a verte en Barcelona. Je ne suis plus de chair et d’os mais une plante de fibres et de sève qui fait porter par le vent son mouvement. Mon corps bouge comme une plante. Tout seul. Watcha. Danse butoh mon amour te voilà. Camille Mutel, loin, loin dans le temps ce stage profond écrit dans … l’os. Encore et encore, je deviens plante autrement. “Move your all body naturally.” Debout les pieds joints, les bras le long des oreilles, j’ondule. Dans le vent. De la salle. Tu le sens le champ de Qi ? J’ondule, naturellement, comme une plante. Je suis naturellement une plante. De ma nature profonde, une plante. Ondule.
And then the dragon head. I move my head from left to right in arch and see a happy dragon mask drawing a garland of stars. Each star is a vertebrate. The garland is flowing. Horizontally, my vertebrate constellation dance. The dragon is joking gently. I thing to Wen Chin Fu and her lighted spine costume. I think to you Wen Chin. Now I understand your equable smile.
Je regarde ton sourire immense Gaelle Enchemin, celui que les Rita ont chanté pour Marcia. Heureusement, on n’est pas tous chinois.
Position du lotus. On arrête la récré pour être dans le vide non vide. “Go back home” Je me vois de haut tourner sur moi-même. La danse des astres, un présent de Raji Chorésophe. Damned, je veux contrôler le film, choisir le décor et la mise en scène, l’écran disparaît. Zut. “No judgment, don’t mind”. “don’t mind, don’t mind”, l’a pas fait la fac de philo en France, teacher Xi, les bouffées de chaleur avec Descartes tellement c’est fort le mental qu’on peut en créer du sentiment. Je travaille le judgement et le mind, ça occupe.
Et le son dans tout ça. Concert d’improvisation, featuring da présent. Synchronicité. Les oiseaux, la pluie, les avions. Tout fait sens. Tout est un.
Et le soleil à travers la vitre. Sa respiration, caresse de l’intérieur.
Et les mouches. Et la guêpe fatiguée, fatiguée…
Et mes pets silencieux mais puissants qui me donnent le sourire jusqu’aux oreilles et me font tenir la pose de l’arbre pendant une heure. Ah, l’ouverture de l’articulation sacro-iliaque !
Je rentre à la maison. Le maraîcher bio a fini sa méditation vipassana. Je lui dis : “Aujourd’hui encore je me suis transformée en plante”. Il me répond : ” Notre corps éthérique est végétal. Toutes les nuits nous sommes dans un état végétatif ” et va pisser. Y a bien que pour me taper du tabac à inhaler qu’il est pas détaché.
J’ai bien peur sans avoir peur, Antoine Boute que ma révolution bio ne soit pas hardcore. Faut pas pousser sur le foie. Équanimité oblige.
Liberté et responsabilité. C’est l’anarchie la vraie, celle où t’es pas bourré. Méfie-toi de ce que tu veux tu vas finir par l’avoir. Ma vie de moine dans le monastère du XIIe. Toujours plus loin dans l’ascèse. Malgré moi. Sans moi. Elle s’installe cette frugalité. Cette île qui se replie et déploie comme les ailes de la buse. Les milans royaux sont partis là. Sont super discrets en tout cas.
Tambour dans ma hutte à sudation, merci encore Hoka Cg. Dans le jardin où qu’les moines étaient enterrés – j’avais oublié ce détail, Hoka. Mes animaux de force me sautent dessus tous fous de me voir briller comme ça. Coûtent moins cher en vétérinaire ceux-là, ma tendre Iris Leroyer. On danse en file indienne autour de la hutte. La célébration. L’homme, l’animal de la célébration. Les insectes s’excitent, les oiseaux arrivent de partout. Même l’arbre d’à côté chante, son cuic de grandes branches souples dans le vent.
Puis, je monte taffer au bureau, l’ordi, les téléphones, fixe et mobile, l’internet, mon compte facebook. Christophe Monterlos me demande si j’avance sur le texte. Je lui réponds que je suis à fond. Dans mon monastère, loin de tout, loin de tous, j’écris. Tranquille, à fond. Sans rire, rire.
Attent’art erroriste
Viender nombre
eden garden

militantE
Il est beau
non, c’est vrai, il rayonne
il a quelque chose de vivant qui sort de son sourire de ses yeux de sa bouche
quand il ouvre sa bouche, ça rayonne
il dit des choses, y a son cœur dedans qui rayonne
il fait les choses, y a son cœur dedans qui rayonne
il est doux
il a les yeux sauvages
tu sais le regard direct et tendre
presque aussi tendre que ce regard à jamais gravé de cet indien croisé dans la forêt indonésienne avec ce sourire d’enfant conservé dans la poésie du conte
il a le regard profond qui déchire la surface de Deep qui vend son âme comme un parfum d’usine dans les halls d’aéroports
il sent la terre
il a les cheveux un peu longs emmêlés, une casquette qui prend la sueur ou une barbe qui dépasse de partout
et ses gros godillots de chantier ou chaussures de marche
et ses grosses vestes trouvées dans les zones de grat’ ou ailleurs
il est direct et doux
il a cette voix grave et posée
qui pose des mots doux qu’ont du sens
quand il parle avec sa barbe autour sous sa grosse veste dans ses gros godillots
il me regarde et me reconnaît
il me parle et prend soin
prend soin de moi comme une autre
quand il parle avec son regard sauvage il me reconnaît
il sait que je ne suis pas lui
il sait que je ne suis pas pour lui
il sait que je suis avec lui
on se reconnaît
on sait les deux qu’on n’existe que dans le lien
on marche dans la forêt ensemble
on marche côte à côte dans cette forêt qu’on défend
ensemble
on marche
je veux aller cueillir avec lui les mauves fleuries au pied des ruines du château de Mirebel
pour faire des tisanes
je veux marcher avec lui le long de l’Ain pour regarder la vitalité de la tendresse qui écume sur les cailloux moussus
il a un sacré accent
il a de la terre dans la bouche
il mâche la terre dans sa bouche
je mange la terre de sa bouche et lui donne ma salive à planter
il plante
il plante dans mon cœur la terre
j’ai la terre qui me pousse dedans
je rayonne
toute seule
ensemble
on marche
et le drapé de mousse sur les pierres de ce sol karstiques s’étale
et la lumière sous les feuillus nous caresse les graines qui poussent dans nos cœurs
et nos cœurs de terre se plaisent à pousser
et nos cœurs de terre s’ouvrent meubles
et la tendresse nous coulent dedans
et nous sommes couleur miel de cette lumière de printemps sur l’écorce du foyard
je chante
toute seule
ensemble
on marche
dans la forêt qu’on défend
je suis un renard
ma queue fait onduler mon corps
mes pas de canidé font onduler ma queue
avec son chien
on ondule
avec l’Ain
on ondule
avec les plissements du terrain
on ondule
et mon cœur comme un renard joyeux
saute
traverse
creuse
grimpe
grogne
lèche l’amitié
on milite
on est sauvages
directes et doux les cheveux emmêlés ce sourire d’enfant conservé dans la poésie du conte la vitalité de la tendresse la terre dans la bouche